Pour un dossier client, notre boss nous a demandé pendant « la réunion du jeudi » de trouver une solution pour migrer l’infrastructure du client physiquement, d’un pays A à un pays B car il dispose d’un accès à internet sous dimensionné ne permettant pas de faire une migration site à site. Les idées ont fusé, certaines plutôt bonnes, d’autres vraiment farfelues, on avait un peu de temps pour réfléchir mais il fallait que ce soit transportable facilement, voir qu’il puisse voyager par avion en soute… Voici la genèse de la MikadoBox.

La R&D de canapé (ou presque)

Le samedi suivant, bloqué dans les files d’attente du parc Spirou, je reçois un SMS de Louis Xavier (LX pour les intimes), mon CTO, probablement affalé dans son canapé. Ayant dû sentir ma détresse malgré la distance du parc d’attraction, il m’a informé qu’il avait trouvé le format parfait pour un système transportable dans un sac à dos : un Lenovo M80q.

Et c’est là, tandis que j’étais en train de craquer sous l’effet de l’attente et des gamins qui hurlaient d’excitation autour de moi, que je lui balance qu’on pourrait carrément en prendre 3 et monter un cluster complet dans une valise :

La boite de Pandore était entrouverte, et nous nous sommes tous les deux empressés de l’ouvrir en grand pour voir ce qu’il pourrait bien en sortir…

Conception théorique

Maintenant que nous avions cette idée de cluster portable, il fallait faire une liste des courses pour avoir une idée du poids total (il fallait que cela reste transportable).

DISCLAIMER : ce type de cluster n’est pas destiné à accueillir de la PROD. C’est pour cela que nous nous sommes permis de ne pas respecter certains pré-requis Nutanix.

Niveau matériel, voici les prérequis indispensables pour monter un cluster Nutanix comme nous l’imaginions :

  • 3 à 4 noeuds
  • 1 switch (8 ou 16 ports max, uplink 10G)
  • 1 rail de prises rackables

En bonus, nous voulions également un routeur 4G afin de pouvoir démarrer la MikadoBox de n’importe où ou presque et qu’elle soit fonctionnelle et accessible à distance.

Partant de cette liste, et du fait que nous voulions impérativement quelque chose de joli visuellement, il fallait trouver un système nous permettant de racker tout le matériel et de faire un minimum de « cable management » pour que ce soit le plus propre possible.

A la recherche d’un boitier rackable

Sur le site Thomann, je me souvenais avoir vu des solutions pour racker du matériel sono quand je cherchais une baie pour la maison qui ne prenne pas la place d’une baie 42U. La largeur est la même qu’une baie informatique mais il est possible d’en trouver de quelques U seulement.

Sur le papier, c’est pas mal :

  • possibilité de racker 3U ou plus (existe en plusieurs tailles)
  • face avant et arrière accessibles
  • poignées pour le transport
  • encombrement restreint

Mais pour le faire voyager en avion, il n’y a pas de protection pour les projections d’eau, les chocs sur les faces avant/arrière du cluster, le matériel est bien visible pour ceux qui vont le manipuler… Ce n’est pas optimal.

La deuxième idée c’était une valise type « Flyhtcase ».

Les roulettes pour le transport, c’est top ! Par contre, niveau encombrement, beaucoup de modèles ne passent pas dans un coffre de voiture, et il n’y a pas de rail de fixation en règle générale…

LX a alors eu une brillante idée : une valise Gator.

Cette valise correspondait à tous nos critères :

  • encombrement raisonnable
  • solidité
  • transportable
  • rails de fixation internes
  • face avant / arrière démontables

Nous avions notre datacenter à roulettes, il n’y avait plus qu’à le remplir.

Des racks et des options

Le nouveau défi qui nous attendait était de trouver des solutions pour faire tenir tout le matériel que nous avions retenu dans la MikadoBox.

Le switch, a priori d’un U de hauteur, serait quel que soit le modèle soit en pleine ou en demi-largeur avec les fixations adéquates donc pas de problème. Le routeur 4G n’aurait pas de fixation prévue. Il faudrait prévoir une étagère ou un système qui permette de le positionner afin qu’il soit à la fois accessible et fixé dans la boite.

Pour les 3 ou 4 noeuds Lenovo, il nous fallait trouver un système de fixation. En cherchant sur internet, je suis tombé sur des posts Reddit qui montraient des « homelabs » avec des Lenovo Tiny rackés. Comme je possède une imprimante 3D, j’ai fouillé un peu et j’ai fini par trouver des fichiers STL qui auraient pu nous convenir.

L’inconvénient de réaliser en impression 3D un rack destiné à voyager, c’est son manque de résistance. Je craignais fort que cela ne tienne pas. J’ai donc continué à chercher et j’ai fini par trouver un système autrichien de rack prévu pour les Lenovo M80q :

Monté sur tiroir (en option), rackable, et cerise sur le gâteau : il existe une version personnalisable qui nous permettrait de ramener les connexions en façade ! Ces racks sont impeccables puisqu’ils intègrent en option les rails pour transformer le rack fixe en tiroir.

Au niveau de l’agencement dans la boite et compte tenu de la quantité de matériel que nous souhaitons y intégrer, voici ce que nous avons imaginé :

L’avant est libre une fois la valise ouverte, tout comme l’arrière ce qui permet un flux d’air traversant lorsque le cluster est en fonctionnement. Une fois fermée, la valise protège intégralement le cluster sans avoir à démonter quoi que ce soit, il suffit juste de ranger le câble d’alimentation.

Maintenant que tout est calé d’un point de vue théorique et en termes d’espace, il ne reste plus qu’à passer à la pratique…

Un cluster petit mais costaud

Niveau configuration, les nœuds sont personnalisables dans la limite du raisonnable compte tenu de leur taille extrêmement réduite et des slots matériels restreints.

Néanmoins, la configuration du cluster n’a pas à rougir :

  • 48 Coeurs
  • 256Gb RAM (CVM 20Gb chacune)
  • un espace de stockage brut de 18Tb soit 9Tb utiles avec un cluster en RF2 !

Alors non, vous ne ferez pas tourner une grosse infrastructure au complet, mais cela peut tout de même faire le travail pour certains cas d’usage…

Le montage de la MikadoBox a été réalisé par LX, son canapé étant très éloigné de ma chaumière, et tout tient parfaitement dans la boite pour un poids aux alentours de 20kg !

Cas d’usage retenus

Au niveau des cas d’usage, voici quelques exemples d’utilisation de la MikadoBox :

  • POC (Nutanix / HYCU / Supervision), parfait pour faire des démos comme au .NEXT Nutanix Paris 2023 par exemple
  • PCA de crise
  • Migration d’infrastructure d’un point A à un point B lorsque l’utilisation du réseau n’est pas possible
  • Homelab

Vous l’aurez compris, et compte tenu des essais réalisés, nous sommes loin d’un gadget mais bien plus proche d’un vrai cluster comme l’on pourrait en trouver en datacenter.

Si vous souhaitez en savoir plus, n’hésitez pas à surveiller le site de mikadolabs.com dans les jours à venir ! Un article sur l’installation, la configuration et les benchmarks de la plateforme est en cours de rédaction.